Gaspésie, 2ème partie : monts et merveilles
16/10/2020⏮ Gaspésie, 1ère partie : le lévrier, la jardinière et les crustacés
Mercredi 10 juillet 2019
Après une nuit de sommeil à nouveau perturbée par le froid (comme quoi mon sac de couchage de festival, aussi compact et léger soit-il, n'était peut-être pas le meilleur choix), nous émergeons tant bien que mal entre les vapeurs de café soluble, et nous préparons mentalement à aborder notre objectif du jour.
Culminant à près de 1150 m, le mont Albert est l'un des nombreux sommets des monts Chic-Chocs qui, au-delà d'avoir le nom d'une rubrique de tabloïde, font partie de la grande chaine des Appalaches.
Le mont est au cœur de la plus longue randonnée suggérée par le parc de la Gaspésie, que nous avons décidé de suivre en partie pour compenser la frustration de l'ascension avortée du Cerro Chato quelques mois plus tôt.
Le tracé nous fait d'abord passer par le versant nord, sur un chemin bordé de boulots et de conifères. De nombreuses chenilles sont suspendues aux branches, et profitent de notre passage pour se faire déposer quelques arbres plus loin.
Le dénivelé est constant mais pas trop exigeant ; la température décline à mesure que l'on se rapproche du sommet, tant et si bien que l'on se retrouve à traverser des passages enneigés. Mais nous avons appris de nos erreurs passées, et sommes équipés en conséquence.
Le sommet du Mont Albert est un large plateau de 13 km² appelé la « Table à Moïse », et dont les principaux convives tout au long de l'année sont des troupeaux de caribous. Le plateau comprend un lac, un refuge, et ce qui doit être le cabinet de toilette le plus stylé de toute la Gaspésie.
Nous traversons le plateau pour entamer la seconde partie de la randonnée, qui consiste essentiellement en la descente du versant opposé, avant de contourner la base du mont pour revenir au campement.
Comme souvent, la descente s'avère plus exigeante que la montée, une grande partie du « chemin » n'étant ni plus ni moins qu'une rivière de rochers, poussant dans leurs retranchements les articulations de nos genoux.
En définitive, il nous faudra près de 8 h pour venir à bout de la boucle de 20 km (bien que d'un point de vue sémantique, il serait tout aussi correct d'inverser le sujet et l'objet de cette phrase).
Jeudi 11 juillet 2019
Comme notre seul impératif de la journée est d'être au parc Forillon en début de soirée, nous décidons de faire un petit détour par le lac aux Américains avant de quitter le parc national de la Gaspésie. Comme le hasard fait bien les choses, la randonnée pour s'y rendre est courte et présentée comme modérée, critères qui recueillent immédiatement l'approbation de nos jambes.
Le lac est effectivement tout à fait charmant, mais sa beauté a un prix : celui de l'agressivité des mouches qui pullulent sur ses rives, et qui nous obligent à quitter les lieux au bout de dix minutes.
Nous revenons à notre emplacement, replions la tente et faisons un crochet par la SAQ de Sainte-Anne-des-Monts avant de reprendre la route en direction du parc Forillon. Il aurait été plus rapide de continuer vers l'est et de couper par les monts Chic-Chocs, mais cela nous aurait privés d'une large portion de la route 132, qui incarne à elle seule une grande part de l'expérience gaspésienne.
Déjà rapidement évoquée dans la première partie, il convient de revenir quelques instants sur cette route ayant acquis un statut particulier au Québec, qui n'est pas sans rappeler celui de la route 66 aux États-Unis.
La route 132 est une route nationale qui part de Dundee, une ville située à la frontière américaine, au sud de la province. Elle longe le fleuve Saint-Laurent jusqu'à Gaspé, à l'extrémité est du Québec, puis reboucle sur Sainte-Flavie, une commune au nord de Rimouski, en longeant la baie des Chaleurs puis la rivière Matapédia. D'une longueur totale de 1600 km, elle est surtout réputée pour le segment qui trace les contours de la Gaspésie, apprécié des vacanciers qui sont nombreux à le parcourir tous les ans.
Si j'ai déjà évoqué mon plaisir à sillonner les routes québécoises malgré un goût traditionnellement limité pour la conduite, le tour de la Gaspésie vient encore se placer dans une catégorie à part, au-dessus des autres ; il donne instantanément accès à cet étrange sentiment de liberté qui accompagne la poursuite d'un point fixé sur l'horizon, posé sur ce fil étroit coincé entre montagne et mer, sans cesse repoussé et qui en devient infiniment désirable.
En outre, passé Sainte-Anne-des-Monts, point de Matane ; il convient de flâner en chemin, de s'attarder sur ce qui est venu fleurir le long du pourtour gaspésien. Ainsi le phare de la Martre, puis Grande-Vallée, puis Pointe-à-la-Renommée ; avant d'aborder, presque à regret, le dernier segment de la journée, et d'atteindre le parc Forillon, avant la tombée de la nuit.
Gaspésie, 3ème partie : Penn-ar-Bed ⏭
Infos pratiques
La page Sépaq du parc national de la Gaspésie, pour les activités et les réservations de camping.
À noter que la randonnée que l'on a faite n'est ouverte que de juin à septembre, afin de protéger les populations de caribous. Sans rire.
À Grande-Vallée, nous nous sommes arrêtés manger à La Glacerie.