Casablanca, sur les traces de Rick Blaine*
08/04/2018À un peu plus d'une semaine du grand départ, et comme pour tenter d'atténuer le choc thermique à venir, j'ai décidé de passer quelques jours au Maroc pour faire le plein de soleil. Et je ne suis pas seul dans cette mission : bénéficiant d'un rare alignement des planètes, nous sommes en effet sept amis d'enfance à être parvenus à nous coordonner pour rendre visite à un huitième, ce dernier ayant temporairement fait de Casablanca sa résidence principale.
Mais, de la même manière que le guerrier qui parvient à rassembler les sept boules de cristal a d'autres préoccupations que d'admirer les plaines verdoyantes de Namek, le tourisme s'en est rapidement retrouvé relégué au second rang de nos priorités.
Ou, en d'autres termes, et pour citer l'un de mes nouveaux concitoyens : pas l'temps d'niaiser.
Rassurez-vous cependant, ce qui suit n'est pas juste le récit de ce qu'il advient lorsque Shenron exauce le souhait d'une bande de brestois : en cinq jours, on a quand même réussi à faire quelques trucs.
Vendredi 16 février 2018
La radio du taxi diffuse de la musique traditionnelle en boucle et le soleil décline lentement derrière les palmiers qui défilent au bord de la route : on a quitté le tarmac il y a quelques minutes seulement, mais ça sent déjà bon les vacances.
De temps en temps, le chauffeur baisse le volume pour nous faire un petit topo sur la ville : capitale économique du Maroc, ses près de quatre millions habitants (huit pour l'agglomération) en font également la cité la plus peuplée du Royaume.
On passe le quartier Californie et ses grosses villas luxueuses, puis on s'enfonce un peu plus dans le centre : il y pas mal d'immeubles en construction, des bâtiments criblés de paraboles rouillées, et un grand nombre de bidonvilles dans le proche quartier d'Anfa.
Il faut bien avouer que de prime abord, ce n'est pas très joli.
On rejoint la délégation brestoise arrivée un peu plus tôt à la résidence de notre hôte, avant de partir faire un tour sur la Corniche, où se trouvent de nombreux clubs et restaurants.
On retourne à l'appartement pour entamer l'apéro et accueillir les derniers arrivants, avant de sortir prendre la température des nuits casaouies (avec plus ou moins de succès pour certains, les mauvais réflexes de certains videurs étant visiblement internationaux).
Samedi 17 février 2018
La team est assez matinale mais pas au top quand même, alors on part se requinquer au bord de la mer avec une formule à base de tajines et de thé à la menthe. Comme il fait plutôt bon, on décide de trainer sur la plage Lala Meryem et de s'improviser un volley au sommet, entre deux essais de slackline et une démo de capoeira avec un secouriste qui n'est clairement pas débordé.
Tous ces efforts nous ont donné un peu soif et, comme il se trouve que c'est presque l'heure de l'apéro, on se met à arpenter la promenade en quête d'une terrasse.
Après un rapide saut à l'appartement pour se refaire une beauté, on retourne vers la Corniche où l'on réservé une table à un restaurant un peu bling-bling repéré la veille.
S'en suit une découverte du luxe à la marocaine assez surréaliste, chaque étape de l'expérience étant notamment soigneusement supervisée par un employé bien distinct (de l'ouverture de la porte d'entrée jusqu'à la gestion du savon dans les toilettes), et le personnel rivalisant d'inventivité dans ses formules de politesse ("Si vous acceptez l'honneur de vous donner la peine de me faire le plaisir de me donner votre manteau") (verbatim un peu libre, je l'avoue) (mais pas si loin).
Ceci dit, au-delà de la surenchère rhétorique et protocolaire, le service est impeccable et les plats excellents.
On enchaine avec une autre soirée dont je passerai les détails, révélant simplement que le casting comprenait entre autres certains serveurs du restaurant et un chauffeur de taxi pour le moins enthousiaste (et dont on ne saurait cautionner la conduite) (mais on a quand même bien rigolé).
Dimanche 18 février 2018
Encore moins frais que la veille, on parvient tout de même à trouver un sursaut de motivation pour remplir un des objectifs culturels du séjour, à savoir visiter la mosquée Hassan-II.
En partie construite sur la mer, elle dispose notamment d'une salle de prière d'une surface de 20 kilomètres carrés, d'un minaret de plus de 200 mètres de hauteur (en faisant le plus grand du monde), et d'un toit ouvrant de 3400 mètres carrés pour le swag.
L'esplanade peut accueillir près de 80 000 fidèles et prend effectivement un peu de temps à traverser, surtout lorsqu'il faut repartir dans l'autre sens pour aller chercher des tickets.
On se concentre comme on peut sur la visite guidée mais je dois avouer que le détail des matériaux utilisés ainsi que leur provenance n'a pas tellement retenu mon attention (je peux juste vous dire que les portes sont en titane et en laiton, pour résister à la corrosion due à la proximité de la mer).
Je me contenterai de dire que le bâtiment est réellement impressionnant, de l'intérieur comme de l'extérieur.
La salle des ablutions (où les fidèles se purifient avant la prière) est superbe, avec ses faïences et ses fontaines en forme de fleur de lotus.
La visite ayant pris à peu près toute l'énergie disponible pour la journée, on retourne dans nos quartiers pour une soirée à base de kebab et de films Marvel.
Lundi 19 février 2018
La pause de la veille a fait du bien et c'est avec un peu plus d'entrain que nous nous dirigeons vers l'ancienne médina, qui là encore n'est certainement pas la plus belle du Maroc mais qui reste l'un des lieux de vie actifs de la ville.
On se perd dans son dédale de ruelles bordées de boutiques et d'ateliers d'artisans, et on s'arrête dans un café prendre un petit déjeuner à base d'omelette et de thé à la menthe (forcément).
Un local nous ayant repéré un peu plus tôt s'est habilement imposé comme guide et nous oriente dans la médina, non sans me rappeler Philippe de Mapusa.
Il nous montre différentes parties de la vieille ville, accompagnant la visite d'un commentaire occasionnel.
On fait ensuite un rapide détour par le marché central puis par la place Mohammed V, que j'ai personnellement trouvée un poil survendue.
Mardi 20 février 2018
On déjeune sur la sympathique rue Jura avant d'aller taquiner le cochonnet à un boulodrome local (fun fact : Casa a déjà accueilli le championnat du monde de pétanque des jeunes de moins de 18 et 23 ans, et dispose d'un boulodrome de 2000 mètres carrés dans le quartier Mâarif).
On bouge ensuite à un spa pour une séance de hammam suivi d'un massage pendant lequel chaque vertèbre de ma colonne vertébrale sera soigneusement remise en place, avant de tranquillement terminer la journée et le séjour dans un restaurant de cuisine marocaine tout à fait décent (pas le kebab du coin de la rue, non).
Impressions
Sans avoir poussé l'exploration de la ville (comme vous aurez pu le constater), il me semble que si vous recherchez une ambiance traditionnelle et une forme d'authenticité, vous ne la trouverez probablement pas à Casablanca, qui est pleinement dans son statut de capitale économique. Il faudrait peut-être plutôt regarder du côté de Essaouira ou de Fès par exemple, voire de Marrakesh (si l'on parle d' "authenticité" avec des guillemets).
En revanche, si vous souhaitez passer du bon temps et vous la couler douce sans forcément vous ruiner, en acceptant de faire un peu l'impasse sur le côté culturel, vous devriez y trouver votre compte. Il règne dans la ville une atmosphère détendue tout à fait plaisante, où il n'est par exemple pas rare que les gens vous tapent la discute spontanément, sans rien avoir à vous vendre.
En définitive, mon impression après ce court passage est que Casablanca est une ville qui se vit davantage qu'elle ne se visite, ce qui est loin d'être un défaut.
* en vrai j'ai pas vu le film, j'avais juste besoin d'un titre.
Infos pratiques
Compter entre trente et quarante euros (150-200 dirhams) pour un trajet en taxi depuis l'aéroport Mohammed V jusqu'au centre-ville. Il y a aussi des trains.
En ville, prendre les taxis avec compteur.
La visite de la mosquée Hassan-II est à douze euros.
Le restaurant chic auquel on a diné sur la Corniche est La Cascade. Le décorum peut surprendre de prime abord, mais le personnel est top et le rapport qualité / prix est très bon (pour un portefeuille européen, du moins).
On a taquiné la boule au Club BSM (Boule Sportive Maârifienne), avant de déambuler en peignoir au hammam du Club Pacha.
Le diner du dernier soir s'est fait au Benna la Benna, mais impossible de retrouver l'adresse exacte (quartier Bourgogne, dans une rue perpendiculaire à la rue Abou Al Wakt Khalaf. À peu près là). Pas cher, qualité, service sympathique.
Pour aller plus loin
- "Casablanca construit son rêve de place économique internationale"
- "Les bidonvilles d’Anfa, l’envers du décor de l’arrondissement le plus luxueux de Casablanca"
- "30 choses que vous ignorez peut-être sur la mosquée Hassan II"
- "Le marché du hashish au Maroc"