Interrail part 5 : life on the rail (Hongrie, Serbie, Monténégro)
05/11/2017Interrail part 4 : la perle du Danube (Hongrie)
Vendredi 8 septembre 2017
Budapest, Hongrie
Nous connaissons notre premier petit cafouillage au niveau des transports : on doit se rendre à Belgrade le soir même via un train de nuit, et l'application Interrail nous indique un départ depuis une gare un peu paumée au sud de Budapest.
On s'y rend avec nos affaires dans l'optique de réserver des couchettes et de laisser nos sacs dans des consignes pour le reste de la journée : on se retrouve face à une gare minuscule qui ne dispose même pas d'un guichet.
Après quelques minutes de "conversation" à base de langue des signes improvisée et de sourires gênés avec un aiguilleur, on comprend que la réservation doit être faite depuis la gare Keleti et que le train partira de là-bas #echec.
Des monuments commémoratifs de la Shoah sont présents un peu partout dans la ville
Au passage, ces moments de grande frustration lorsque l'on peine à se faire comprendre par manque de vocabulaire commun vous font remercier ces personnes qui malgré tout prennent le temps de vous renseigner, et au contraire vous font ressentir avec un facteur multiplicateur l'indifférence voire le mépris que certains affichent.
En gros, soyez sympas avec les touristes, ne serait-ce que parce qu'ils prennent le temps de venir dépenser des sous chez vous : ça change radicalement l'impression que laisse un pays.
Nous reprenons donc le tram en sens inverse et parvenons effectivement à réserver des couchettes à Keleti en moins de cinq minutes. La gare ne disposant cependant pas de casiers, on dépose nos affaires à un service ad hoc non loin de là.
On décide de passer le reste de la journée à la cool dans le quartier juif, entre ruin bars et rooftops, sous la bienveillance du soleil. On se pose notamment au Szimpla Kert, devant lequel une file d'attente conséquente s'étendait la veille, et où un type est en train de jouer un genre de post-rock trippy à l'aide de sa loop station.
Le concept des ruin bars est né au début des années deux mille, avec l'ouverture du Szimpla Kert, connu pour être le premier du genre. L'idée est d'investir les bâtiments abandonnés du septième arrondissement de la ville et d'en faire des endroits cool où la jeunesse budapestoise vient se sociabiliser en nombre.
Plus de quinze ans après, force est de constater que le principe séduit toujours autant.
On bouge ensuite au Bar 360, un rooftop assez stylé qui offre une vue n'ayant rien à envier à celles du château et du Bastion des pêcheurs, bien au contraire.
On récupère nos bagages en début de soirée, et comme le hasard fait parfois bien les choses, le restaurant qui se trouve juste à côté est super bien noté. Il s'agit du Peach and Plum (Barack & Szilva), et tout comme le Zeller il propose des spécialités hongroises.
Le serveur nous suggère un palinka à la pêche en apéritif, qui nous apparait davantage comme un digestif. Il nous confirmera plus tard que les hongrois ne s'embarrassent pas toujours de subtilités quand il s'agit d'alcool, et qu'il n'est pas rare que l'apéro et le digeo proviennent de la même bouteille. L'ennui ici est que nous n'avons pas fait qu'admirer les ruines et la vue tout au long de l'après-midi, et que l'on a déjà quelques unités dans le buffet. En clair, je suis bourré avant l'entrée.
Foutu pour foutu, on prend des menus accordés avec différents vins.
On rigole un peu beaucoup, ce qui a l'air d'amuser le type derrière qui joue des reprises en tout genre sur un cymbalom, dont Nothing Else Matters, ce qui sonne étrangement à propos.
Tout ça pour dire qu'une nouvelle fois la bouffe et le vin sont excellents et le service exemplaire - n'hésitez pas à y faire un tour si vous en avez l'occasion.
On est très joyeux lorsque l'on arrive à la gare et ça tourne un peu sur la couchette alors que le train roule tranquillement vers Belgrade, depuis laquelle on doit rejoindre notre prochaine destination : le Monténégro.
Samedi 9 septembre 2017
Belgrade, Serbie
Un peu hagards, on traine nos sacs sur le quai de la gare de Belgrade. Il est six heures du matin, on n'a quasiment pas dormi : le train de nuit était probablement plus vieux que nos âges additionnés, faisait un boucan d'enfer et il régnait une chaleur infernale dans la cabine (le fait d'avoir mangé et bu comme des oies la veille est peut-être un facteur aggravant) (peut-être).
On a un peu plus de trois heures à tuer avant notre correspondance pour Bar, sur la côte sud du Monténégro, que l'on passe à regarder les mouches voler à la terrasse du café de la gare.
Sans grande surprise, les alentours de celle-ci ne sont pas super sexy et on n'a pas vraiment la force d'explorer de toute façon.
Le trajet jusqu'à Bar doit durer une douzaine d'heures, et est réputé comme l'un des voyages en train les plus pittoresques qu'Interrail a à offrir. Le train lui-même a l'air encore plus vieux que celui de la veille, et pas franchement entretenu : les sièges sont absolument dégueulasses et honnêtement, ça sent la mort.
Nous sommes cependant tellement claqués de la nuit passée que nous nous calons dans un compartiment et nous endormons sans tarder, tout en sachant que de toute façon les paysages ne sont censés devenir sympas qu'à l'approche du Monténégro.
Le train est extrêmement lent et je suis régulièrement réveillé par le crissement des freins, ce qui de temps en temps me permet d'observer d'un œil le décor, sur lequel je n'ai pas grand chose d'intéressant à dire (disons que s'il était pertinent de juger un livre à sa couverture, je ne m'attarderais probablement pas sur l'ouvrage serbe).
Pour vous donner une idée
Je laisse tout de même au pays le bénéfice du doute, ne pouvant raisonnablement juger une nation en fonction de ses bordures de voie de chemin de fer. Quoi qu'il en soit, les paysages commencent effectivement à s'améliorer à mesure que l'on s'enfonce dans le sud du pays, se faisant davantage montagneux et verdoyants, et les villages que l'on croise devenant de plus en plus mignons.
Des jeunes écoutent Tarkan dans un compartiment voisin et se la jouent cool (ce qui est parfaitement antinomique, on est d'accord). Tout le monde semble fumer (ce qui explique pour partie l'odeur qui émane des sièges), même notre sympathique voisine qui nous propose ce qui ressemble à des Gauloises sans filtre. Elle a l'air de vouloir communiquer mais nous n'avons aucune langue en commun - on comprend juste qu'elle parle le monténégrin et le russe (et très probablement le serbe), avant qu'elle n'ajoute en souriant qu'elle est old school. Sans avoir poussé les recherches sur le sujet, il semble en effet que dans les Balkans, les générations plus âgées auront tendance à connaître le russe (faisant alors office de langue véhiculaire) alors que l'anglais semble s'être imposé chez les plus jeunes.
Passé la frontière du Monténégro, un type circule de compartiment en compartiment avec son gros sac de voyage pour vendre des bières et des sodas : au-delà des petits désagréments liés à l'entretien, il règne effectivement dans ce train une atmosphère un peu hors du temps pas désagréable.
Là aussi, ça berce
On arrive à destination avec une bonne heure de retard sur l'horaire prévu ce qui, avec le recul, est relativement peu. Un taxi nous surfacture sa course en profitant de notre état de fatigue avancé (on s'en rendra compte plus tard en en prenant d'autres), et nous dépose à notre appartement où l'on s'écroule comme des bûches.
Interrail part 6 : on fait aussi les Bar Budva* (Monténégro)
Infos pratiques
Le service que l'on a utilisé pour consigner nos bagages pour la journée à Budapest est Budapest Luggage Storage.
Site du Szimpla Kert.
Plus d'infos sur le Bar 360.
Site du restaurant Barack & Szilva (Peach & Plum).
The Man in Seat Sixty-One contient des infos complémentaires intéressantes sur le tourisme en Europe de l'est qui peuvent être pratiques lorsque les informations Interrail manquent de précision (notamment sur le trajet Belgrade - Bar)
Tous les taxis n'ont pas de compteur au Monténégro. Quand il n'y en a pas, vous pouvez certainement négocier le prix à la baisse.
Pour aller plus loin