New York part 5 : La Liberté qui éclairait le monde
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Vendredi 27 avril 2018
Tout comme il est impensable de visiter Paris pour la première fois sans aller voir la tour Eiffel, on ne peut raisonnablement découvrir New York sans faire un crochet par la statue de la Liberté.
Et pour faire les choses bien, on a opté pour la formule complète : visite commentée de Liberty Island (où la dame verte a élu domicile), suivie de celle de sa voisine Ellis Island (et de son musée de l'immigration).
Les deux îles se trouvent à l'embouchure de l'Hudson (au sud-ouest de Manhattan) et nécessitent que l'on si rende en ferry depuis Battery Park. Même si techniquement nos billets sont déjà payés car inclus dans le CityPASS, nous devons échanger nos coupons contre des tickets officiels. Et la file d'attente est déjà bien longue.
Genre Space Mountain un beau dimanche après-midi, en période de vacances scolaires. Ou une dédicace de Vianney.
On ré-emploie la technique désormais éprouvée du tu fais la queue pendant que je vais chercher des cafés et, un gobelet en plastique et un peu de patience plus tard, on obtient nos bouts de carton... qui nous permettent de rejoindre la deuxième file d'attente, celle qui mène au ferry.
Une fois sur la bateau, la traversée se fait assez rapidement et permet déjà aux passagers de faire chauffer leurs appareils photo, la navette contournant la statue de la Liberté pour aller s'amarrer de l'autre côté de l'île (et donnant ainsi l'opportunité de juger de son meilleur profil).
Au débarquement, on nous remet l'un de ces appareils audio qui transforment n'importe quelle visite guidée en salon de la téléphonie mobile des années 90, puis nous entamons le tour de l'île, le combiné nous susurrant des anecdotes sur la statue à l'oreille (comme le fait que sa couleur originale était orangée, l'oxydation du cuivre étant passée par là - ou que son « ossature » en fer forgé a été réalisée par Gustave Eiffel, quelques années avant la tour que l'on ne présente plus).
On regagne le ferry pour la seconde partie de la visite : Ellis Island et son musée.
De 1892 à 1954, Ellis Island fut le point d'entrée incontournable de douze millions d'immigrants qui s'y virent accorder (ou pas) leur droit d'accès aux États-Unis.
Le bâtiment principal fut restauré pour lui redonner son apparence d'entre 1918 et 1924, avant d'être réaménagé en musée puis ouvert au public à partir de 1990.
En se laissant guider de salle en salle, l'on capte des fragments de ce qu'un immigrant de l'époque pouvait ressentir, attiré par la promesse d'un nouveau départ et navigant entre le stress de l'attente du verdict (qui pouvait prendre jusqu'à plusieurs jours) et l'intense soulagement procuré par l'obtention du précieux sésame - ou le déchirement d'un refus, conduisant parfois à la séparation de familles, souvent pour raisons médicales.
Le lieu est chargé d'histoire et la visite prenante, grâce aux commentaires audio de qualité et aux nombreux objets et documents exposés.
Cette visite met évidemment en lumière un fort contraste entre la politique migratoire de l'époque (durant cette période, seuls 2% des douze millions de candidats furent renvoyés chez eux) et la posture actuelle de la Maison Blanche, dans un pays dont l'immigration est inscrite dans l'ADN. Il est également difficile de ne pas faire le rapprochement entre les histoires personnelles présentées ici, à grand renfort de témoignages, de photos et d'objets, et d'autres récits plus récents.
Il y a énormément de choses à voir et l'on se retrouve à faire la fermeture du musée, avant de prendre le dernier ferry pour regagner Manhattan. On reste boire un verre à Battery Park, en attendant de nous rendre à Chelsea pour changer radicalement d'ambiance et assister à une représentation de Sleep No More au McKittrick Hotel.
Présentée comme une version noire de MacBeth, Sleep No More est une expérience théâtrale immersive produite par la compagnie Punchdrunk, ayant déjà commis l'incroyable The Drowned Man: A Hollywood Fable que j'ai eu l'immense chance de voir à Londres en 2014.
Punchdrunk se spécialise dans la production de pièces originales ou adaptées, mises en scène dans de grands bâtiments sur plusieurs étages où le spectateur, anonymisé par le port d'un masque, se déplace à loisir, suivant l'action et les personnages qui l'interpellent, garantissant une expérience unique jusqu'au dénouement.
À mi-chemin entre une représentation de danse et de théâtre, l'histoire est déroulée via d'impressionnantes chorégraphies muettes, délivrées dans une scénographie impeccable, avec un niveau de détails remarquable faisant appel à tous les sens.
Nul besoin de préciser que je suis totalement conquis par les productions de la compagnie, et même s'il est vrai que Sleep No More m'a paru un tantinet en-dessous de The Drowned Man: A Hollywood Fable, et que les prix des places atteint aujourd'hui un niveau presque prohibitif, je recommande sans retenue d'aller voir une de leurs pièces, pour peu que vous passiez dans l'une des villes où ils se produisent.
Comme un livre que l'on referme avec un soupire, ou un film d'où l'on ressort quelque peu désorienté, il y a fort à parier qu'une représentation de Punchdrunk hantera un coin de votre esprit pour quelque temps.
New York part 6 : My kind of place ⏭
Infos pratiques
La visite de Liberty Island et d'Ellis Island est une nouvelle fois comprise dans le CityPASS, mais il est aussi possible de se rapprocher de la statue de Liberté en bateau gratuitement (sans débarquer sur Liberty Island).
Il est aussi possible de visiter le socle de la statue en s'acquittant d'un supplément (voire carrément la couronne, si vous vous y prenez à l'avance).
Et voici les sites de Punchdrunk et Punchdrunk International (une compagnie jumelle présentant les productions Punchdrunk à l'internationale) où vous trouverez leurs productions en cours, et la fiche de Sleep No More.