Sofar à Dalston (14/02/16)
29/02/2016Bien que n'ayant pas réellement envie de faire quoi que ce soit de spécial pour la Saint Valentin, Sofar finit par nous forcer la main en nous annonçant par email que nous avons été tirés au sort pour participer à la soirée du 14 février devant avoir lieu à Dalston.
Je ne reviendrai pas trop longuement sur le concept de Sofar, que j'ai déjà suffisamment détaillé dans un précédent post, et rappellerai simplement qu'il s'agit de concerts intimistes et abordables dont la programmation n'est pas connue d'avance (mais composée d'artistes soigneusement sélectionnés, parfois médiatiques), et se déroulant dans des lieux insolites tels que des logements de particuliers, des rooftops ou, plus récemment, une galerie d'art.
Nous arrivons dans un chouette petit appartement sur cour, à deux pas du Shacklewell Arms, qui nous semble par ailleurs davantage correspondre à l'esprit mis en avant sur le site de l'association que les précédents concerts auxquels nous avons pu nous rendre. Les meubles ont été poussés contre les murs, des chaises ont été disposées tout autour, il y a de la vaisselle sale dans l'évier, et le chat du propriétaire des lieux se faufile entre les gens avec l'air de se demander quel est le fuck : on vient littéralement de débarquer chez quelqu'un pour faire un concert dans son salon. Un type se fraye un chemin vers la cuisine, nous demande si on sait où se trouve l'essuie-tout : il vient de renverser un truc quelque part, comme ce vieux pote maladroit qui finit toujours par arranger un coup entre le contenu de son verre et la moquette.
Le premier artiste à se produire est Jamie Grey, un petit gars du nord de l'Angleterre s'étant fraichement installé à Londres dans l'espoir de percer dans la musique. C'est ce qu'il nous raconte entre deux morceaux, seul avec sa guitare : sa décision de s'y consacrer à plein temps, ses premiers amours folk, et la nécessité de progressivement les laisser de côté, poussé par ce besoin de se différencier pour exister sur la scène musicale.
S'il a tendance à lorgner vers le RnB, il nous propose ce soir un petit set folk acoustique. Sa musique est assez simple, des arrangements aux paroles, et l'on serait presque parfois tenté de se dire que c'est un peu mièvre : mais le tout est teinté d'une touchante sincérité et chanté avec cette voix un peu brute qui nous fait rapidement oublier ces petites légèretés.
(Je vous mets une vidéo d'une précédente édition de Sofar à laquelle il a participé, ce qui vous donnera également un aperçu de l'atmosphère)
Dean Atta, un poète et storyteller, jusqu'alors tranquillement assis dans un coin avec son verre de vin, lui succède avec un niveau d'énergie un cran au-dessus, changeant légèrement la dynamique de la soirée. Il nous raconte des histoires variées, réelles ou fictionnelles, joyeuses ou tristes, allant d'une anecdote cocasse basée sur l'utilisation de Grinder en Californie à l'histoire d'un orphelin qui cherche son amour d'enfance à Londres, devient junky et finit par égorger sans le savoir la femme qu'il cherchait dans une allée pour lui piquer son sac afin de pouvoir acheter sa dose (ouais, bonne ambiance).
Les textes sont soignés et récités avec talent, captant toute l'attention de l'assistance.
Il semble que des poètes sont régulièrement invités à participer aux événements Sofar ce qui ma foi constitue une diversification de la proposition assez bienvenue.
Le dernier artiste à se produire est Martin Luke Brown, auto-proclamé Gritty soul hippie boy. Je ne sais pas bien ce que ça veut dire, mais lorsqu'il prend place sur "scène" (un coin du salon, donc), je reconnais le type qui cherchait des essuie-tout au début de la soirée.
Il nous avoue qu'il n'a pas joué devant un public depuis plus d'un an et qu'il est assez angoissé à cette idée, ce que confirme quelque peu son langage corporel. Tout signe de trac disparait cependant lorsqu'il commence à jouer, ne laissant passer aucun tremblement dans la voix ni fausse note derrière son clavier.
C'est assez upbeat, franchement sympa, et l'homme prénommé en référence à Martin Luther King (sa mère est fan) a définitivement du talent.
Il nous met à contribution sur Scars on scars (morceau ci-dessus), et cloture une édition fort sympathique de Sofar, achevant de me convaincre de la qualité du concept.
Comme déjà dit précédemment, l'association est présente un peu partout dans le monde et, si le principe vous branche, allez donc jeter un œil aux villes disponibles : https://www.sofarsounds.com.